28.3.19

Shade of Blue #12 & 35

Une poétesse te met en joue;
une cigarette, et à genoux.
le jeu de cesse, tu deviens fou;
et les sirènes sont à ton cou.

Maîtresse Alice te glisse cette note :
il n'y a sur la route aucun antidote;
ni les talons d'Hélène, ni même les menottes
que ton docteur t'inflige avec ses médocs.

La douce Elisa, amante de Chatterton,
elle connaît tous tes vices,
et ce qui t'empoisonne;
et tu clames que tu n'as besoin de personne,
jamais elle ne t'ouvre quand tu cognes à sa porte.

Au coeur de la vieille ville, Moloch se réveille,
un jeune nihiliste appelle à la haine.
Voici la police qui vient et t'emmène
dans un vaste palace, où purger ta peine.

-

Debout sur le trône,
l'amant joue à celle
qui jamais ne cesse
de trop écouter,

la mélopée des larmes ne
parvenant à éteindre son
coeur brûlant d'un feu qui
ne s'éteindra jamais.

18.5.17

Érème

Les lichens fleurissent sur les rideaux muets, sous ton regard s'effilent les lieds inanimés, et les cendres de pluie se voilent de fumée. Au loin, le phare veille.

Un enfant préserve le vent dans le lierre, et la rosée perle du haut sa croisée.

Les lamaciées ne bruissent plus à sa fenêtre, la pierre ici a tout repris. Plus aucun souffle n'agite ses rideaux; sur le rivage choient les derniers alizés.

Une goutte du sang raffiné me rappelle toutes celles qui ont coulées, - entre les lignes du lierre, entre les plis de ta peau.

La brune à jamais ne s'émeut de l'orient.

17.5.15

Fable

Il était une fois, l'harmonie naturelle, la tonalité fondamentale et le rythme pur. Lové aux seins des nymphes, un enfant songeait aux corbeaux qui croasseraient le long des plaines nocturnes.

- Je vois le bien et je l'approuve, je le fais mal, geignit un ermite calciné.
- Ridicule chemin ! jeta un prêcheur aux yeux délavés par la pluie savoureuse du déluge.

Il neigea sur la mer rouge. Des coquelicots noirs fânaient dans l'onde et Thelxinoé chantait.
Un marin perdu au large accrocha son regard aux lueurs du phare pour ne pas y succomber.
Des gibiers de potence fricassaient; les vautours, et une horde de loups s'apprêtaient pour le buffet.
- À l'aurore, ils seront à genoux. Non que le ciel soit mort, mais la mer s'avance et les récifs tranchent l'hymen de son amante, lança depuis le trône, Eros à Thanatos.

Après que les Pléiades ont chavirées, un soleil trop grand se glissa dans le verre maudit de l'aède; l'ombre du sommet se projeta sur la vallée, et les meutes et les continents se regroupèrent.
Le barde tailla un masque dans le bois des Volcae. L'étoile dérobée ne put rejoindre ses aînées.

Personne n'est chez soi. Ici, nous sommes tous étrangers.
Qui cueille une fleur, s'empresse de l'offrir au jardinier.
C'est l'une de ces fables qu'autour du feu l'on se contait,
et que l'on a oubliée.

18.6.13

Seasons

Rain in winterly sun, sing the ills that we cannot shut.

My heart, summer bird, from a forgotten tree, one day flew away.

23.5.13

Il y a

Il y a la lumière chassant l'obscurité, ma plume obscurcissant le papier.

Il y a ma main tâchant de te retrouver, mon regard effleurant tes secrets.

Il y a; miroir de l'éternité, espace silencieux et sacré.

Il y a; séjour oublié des dieux, sans visage et mués.

26.2.13

Atman


Une balle fendant les blés;
une clef figée
dans les fissures du plancher.

24.1.13

Tropisme

Il faut, des tempêtes printanières aux contours d'une presqu'île,
le soleil, et la soie, et la lune à jamais effacés sous ton rire.

10.1.13

Égérie


Le long d'un sentier africain aux longs doigts coulants,
une cithare se joue des sanglots de l'aurore.

Ô les exquises harmonies ! Le long des dunes roses, et le long des sillons de mes sombres entrailles, où les cieux se sont refermés.

Une ballerine s'avance, le cœur amaurose et le corps cyanosé; égérie de mon désir jasmin.

9.10.12

Nef


Un éclat qui dessine les contours brisés du monde, une voix qui oscille jusqu'à perde sa peau, sa chair, son sang et ses os;

De discrètes ombres bleues qui planent sur les trèfles;

Il n'y a à la fin que ce que l'on voit, et ce que l'on croit voir, depuis l'étrave de la nef.

1.9.12

Trois lumières


Hier soir, trois lumières sont tombées sur l'horizon.

La première était le néon du salon; faible halo autour de tes yeux cristallins.

La seconde était la lanterne du vagabond; la nuit survit au creux de mes mains.

La dernière s'est éteinte au sifflement du train.

29.7.12

À ciel ouvert


Pour voir le ciel se déchirer, il faut garder un œil ouvert, un œil fermé; une coquille vide, noix à côté.

Pour retrouver son cœur d'enfant, il faut laisser ses rêves voguer dans l'océan; écume soulevée par le vent.

Pour savourer l'instant présent, il faut sentir le ciel frémir, son cœur s'ouvrir; une mandarine, chair dénudée.

7.4.12

Papillons noirs


Même ton sourire est un souvenir que je n'ose plus déranger.

Et tes yeux bleu-verts sont comme deux chimères qui par un soir d'hiver se seraient envolées.

J'emporte tes cendres au fond de ma nuit. J'en constelle les cieux, et deux ombres s'enfuient.

Les étoiles vermeilles sont autant de soleils, qui réveillent de noirs papillons qui sommeillent.

23.2.12

Été


Il faut creuser le fond de la bouteille pour apercevoir la mer.

Les restes d'un ventilateur roulaient sur le sable qu'un autre que moi avait fait couler entre ses doigts.

Un Zèbre éclaira le ciel. Des dunes je vis la lune se lever.

Un enfant me suivait partout où j'allais, et s'endormit deux heures après m'avoir tué.